PROTOS → 2013-2019, Biennale d’art contemporain, Sélest’Art, 2019

PROTOS → 2013-2019, Biennale d’art contemporain, Sélest’Art, 2019
Trois installations in-situ dans la ville de Sélestat.

PROTOS, par sa nature fragmentaire et progressive, est une installation qui vise à marquer trois sites remarquables en milieu urbain et périurbain; parallèlement, elle dessine un parcours à l’échelle de la ville de la biennale.

La pratique artistique d’Eva T. Bony est empreinte de notions relatives aux espaces naturels et urbains.

En grec protos πρώτος {p r o t o s} signifie premier. L’œuvre, PROTOS, est inspirée par une énigme mathématique, celle de la suite des nombres premiers ; une suite dont chaque nombre n’admet que deux diviseurs distincts : 1 et lui-même. La suite des nombres premiers est infinie.

PROTOS a été conçue et réalisée pour la première fois en Grèce, dans les Cyclades, en 2013, au moment du sommet de la crise grecque. Eva T. Bony faisait alors allusion à l’omniprésence des nombres dans les médias du pays. La pertinence de l’œuvre se développe dans la saturation du discours médiatique et économique, des normes quantitatives, des algorithmes et autres outils de gouvernance de l’ère numérique. Elle détourne et s’approprie le langage universel des mathématiques, associé à l’harmonie, à la pensée rationnelle et à la création de la civilisation depuis l’Antiquité. Elle exprime ainsi la dimension spatio-temporelle que l’art peut révéler quand il se met en rapport avec la Nature et l’Humanité.

Eva T. Bony consigne les chiffres des nombres premiers à travers une ligne sinueuse et rythmée parcourant des paysages urbains ou naturels. Spécifiquement présente in situ, cette œuvre passagère marque et traverse les espaces dans un rapport au temps. Le tracé des chiffres en blanc de Meudon ou à la chaux blanche évolue au fil des saisons, s’efface progressivement, se dégrade et finit par disparaître. Il intègre et révèle ainsi les particularités environnementales de l’installation qui progresse, s’adapte et se renouvelle en s’accordant à la topologie des lieux.

L’espace mental qu’induit le langage mathématique, l’aspect formel et esthétique que produit l’exactitude de son écriture, reliée à la présence physique et géographique voire atmosphérique du contexte, donnent à ce projet un caractère universel.