Festival ARTEC, LA LAVERIE

Festival ARTEC, LA LAVERIE.
Françoise Monnin, Historienne d’art, Paris, 2006.
Livre d’artiste.
Incarner les concepts de densité et d’immensité, dans la matière et dans la composition mêmes de l’œuvre ; provoquer ainsi, chez le spectateur, une sensation intense d’absorption et d’apesanteur ; renouveler, de cette manière, les expériences monochromes, conceptuelles et mystiques, des artistes modernes : dans une logique apparentée à celles de Pierre Soulages, peignant avec du goudron, ou de Carl André, disposant des plaques d’acier sur le sol, Eva Tourtoglou-Bony coud des plaques de caoutchouc.
Son projet est moins de représenter le monde que d’incarner son mystère.
La matière imperméable et les volumes simples qu’elle utilise, depuis 1988 (après un ensemble d’expériences avec de la peinture acrylique et du ciment), ont à voir avec les plus indéfinissables de nos objets d’adoration, pierre de La Mecque ou fragments de météorites. Pour  « raconter des mécaniques célestes imaginaires », l’artiste découpe des silhouettes, les plie, les perce, les fixe, constitue ainsi des allégories du réceptacle et du silence.
Elle rend hommage à la concentration. Parfois, elle incruste ou enferme une pierre volcanique, un peu de sable ou un rameau d’eucalyptus ; dans tous les cas, une preuve de la victoire du long temps sur la vie organique. Nourrie de littérature et de philosophie, passionnée d’astronomie, elle guette les comètes à travers une lunette, étudie les nouvelles géomètres, s’émerveille du nombre des exoplanètes.

« Me libérer de la matière en la disséminant », voilà l’objectif.

Faire naître des formes nouvelles, fortes et belles, telle est la réalité.